Plus nous avancions, plus nos pas s’enfonçaient dans une terre dont on ne parvenait à saisir la nature. Il semblait que c’était du sable ou du gravier. Aussi fin que le sable, de la teinte du gravier, aux allures de cendre. Avancer devenait une difficulté, de même que reculer. Nous n’avions d’autre choix que de continuer en espérant l’échappatoire. Aucune once de vent, de bruit ou de soleil ne pouvait nous orienter. Nous n’avions ni froid, ni chaud. Il ne se dégageait de cet endroit nulle atmosphère, qu’elle soit pacifique ou agressive. Nos corps semblaient de même. Pas de sensations, pas de sentiments. Rien, si ce n’est la marche.
Soudainement, nos pas frappèrent le sol dans un éclat et non plus doucement et profondément. Le sable était devenu de l’eau et nous pouvions apercevoir un ruisseau s’étendre verticalement et sans fin. Or, sa couleur était aussi étrange que le sable. Elle était rougeâtre, pareil à de la terre battue mais opaque.
Nous ne pouvions pas apercevoir l’autre côté de la grève, mais à droite, un flamboyant trônait près du cours d’eau. Ses fleurs rouges étaient épanouies malgré le manque évident de vie en cet endroit. L’écarlate de ses pétales répondait en écho avec l’eau. Ils se rejoignaient par une barque en bois d’où se tenait la silhouette d’un homme. Il portait une combinaison noire recouverte d’un scaphandre sans visière de sorte que nous ne parvenions à distinguer aucun trait physique. Et pourtant, il eut nul besoin de se présenter. Et nous savions, sans savoir le comment ou le pourquoi, que cette ombre était un chargeur d’âme.