Ayodhya, été 1971. Lys s’y était rendue avant de rentrer en France. Cette halte en Inde le soir de la fête des lumières clôturait son séjour en Orient. Les gens célébraient le retour d’un dieu en allumant de petites lampes à pétrole ; des flammes brillaient partout où elle posait les yeux. Toutes ces lueurs lui rappelaient autant de rencontres faites ici.
Six mois plus tôt, Lys rejoignait l’archipel indonésien pour y apprendre la danse balinaise. Elle avait été formée auprès d’un grand maître qui, un jour, lui présenta le masque qu’il avait porté lors d’un rituel hindouiste. Lys osa alors lui demander s’il avait déjà connu l’état de transe. « La réponse m’appartient », répondit-il. Face au regard confus de son élève, le maître reprit avec bienveillance : « Cette question ne se pose pas, sache-le. »
Ils étaient allés ensemble à Denpasar assister à une représentation. Jamais Lys n’avait été tant éblouie par la beauté d’une danseuse. On eût dit une déesse grecque. Même Psyché n’atteignait pas sa cheville ornée d’un bracelet en argent. Ses mouvements étaient d’une fluidité telle qu’elle ondulait jusqu’au bout de ses doigts sans accroc ni hésitation. Sans scorie, auraient dit ses anciens professeurs de théâtre.
C’est aussi là-bas qu’elle avait sympathisé avec un couple de biologistes anglais experts en végétation aquatique. « Ce voyage est l’occasion d’étudier de nouvelles espèces, notre littoral n’est pas bien riche en madrépores ! » Lys avait mis près d’un mois à trouver la traduction de ce mot, pour découvrir qu’il s’agissait en fait d’un corail !
Mais pour l’heure, elle préféra laisser ces pensées de côté afin de profiter pleinement de l’atmosphère chaleureuse de sa soirée.